Le club CDI organise au mois de mai un concours de récitation à la webradio.
Pour participer c’est très simple :
- Apprends par coeur un poème de ton choix, tu peux le faire avec un ou une camarade.
- Viens le réciter et t’enregistrer au studio de la webradio à 13h30 un mardi midi (les élèves du club viendront te chercher sous le préau).
- Les 3 meilleures récitations permettront de gagner un livre et la participation au concours sera récompensée dans Pronote.
- Les récitations seront diffusées au fur et à mesure sur cette page.
- Avant toute diffusion, nous te demanderons ton autorisation écrite et celle de tes représentants légaux.
Melancholia de Victor Hugo Livre 3 par Stella et Hugo
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : — Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! —
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Un frisson me saisit de Sappho par Pauline et Anaé
Heureux qui près de toi, pour toi seule soupire,
Qui jouit du plaisir de t’entendre parler,
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.
Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l’égaler ?
Je sens de veine en veine une subtile flamme
Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois
Et dans les doux transports où s’égare mon âme
Je ne saurais trouver de langue ni de voix.
Un nuage confus se répand sur ma vue.
Je n’entends plus : je tombe en de douces langueurs ;
Et, pâle, sans haleine, interdite, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs.
Mais quand on n’a plus rien, il faut tout hasarder.
Sappho
Traité du Sublime, « Ode à une femme aimée », VIIᵉ siècle avant J.-C., traduction de Boileau
Maria Lisboa de David Mourão-Ferreira par Eva
É varina, usa chinela,
Tem movimentos de gata,
Na canastra (3), a caravela,
No coração, a fragata.
Em vez de corvos no xaile,
Gaivotas vêm pousar.
Quando o vento a leva ao baile,
Baila no baile com o mar.
É de conchas o vestido,
Tem algas na cabeleira,
E nas veias o latido
Do motor duma traineira.
Vende sonhos e maresia,
Tempestades apregoa (5).
Seu nome próprio: Maria,
Seu apelido: Lisboa.
Elle vend du poisson et porte des pantoufles
Elle se déplace comme un chat
Dans son panier, une caravelle
Dans son coeur, une frégate
Sur son châle viennent se poser
Au lieu de corbeaux des mouettes
Quand le vent l’emporte au bal
Valse la valse de la mer.
Sa robe est de coquillages
Elle a des algues dans les cheveux
Et dans ses veines rugit
Le moteur d’un chalutier
Elle vend du rêve et des airs marins
Elle divulgue les tempêtes
Son vrai nom, c’est Maria…
On l’appelle aussi, Lisboa
Le Corbeau et le Renard de Jean de La Fontaine par Manon
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Et bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie :
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Fable II du livre I des Fables choisies, publié en 1668
Au seuil du printemps d’Anna Akhmatovna par Éloïse
Au seuil du printemps, il y a certains jours
Où la prairie se repose sous la neige dense,
Où les arbres font un bruit gai et sec,
Où le vent tiède est tendre et moelleux,
Où le corps s’étonne de sa légèreté,
Où l’on ne reconnaît plus sa maison,
Où la chanson qui déjà lassait
On la chante avec émoi, comme neuve.
Il pleure dans mon coeur de Paul Verlaine par Capucine
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
Extraits de la pièce Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand par Hugo et Stella
Acte III scène 10
CYRANO
Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le cœur,
Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme !
Extrait de la tirade du nez
Cyrano.
Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Exemples des années précédentes ⬇️
Cher Frère blanc de Léopold Sédar Senghor
Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?
Dans mon village, chanson de Joséphine Baker
Dans mon village
J’élève tendrement
Dans mon village
Cinq tout petits enfants
Cinq orphelins, d’ici, de là
Qui s’ennuyaient, seuls, ici-bas
Et j’ai voulu qu’ils soient choyés
Dans un foyer
Dans mon village
Tous cinq ils m’aimeront
Dans mon village
Tous cinq ils grandiront
Et comme moi, je sais qu’un jour
Ils chanteront “J’ai deux amours”
Ce beau village, et puis celui
De leur pays
L’un d’eux est couleur de la nuit, les deux autres sont de celle du jour, le quatrième est couleur de sang, et le dernier est couleur du soleil, mais tous les cinq sont mes enfants, et mon cœur de maman les aime tous autant.
Si mon village
Pouvait servir un jour
De témoignage
Et symbole d’amour
Si tous les gens, d’ici, de là
Si tous les peuples ici-bas
Sans s’occuper
De leur couleur
N’avaient qu’un cœur
Tous les villages
Alors seraient heureux
Tous les visages
Alors seraient joyeux
Et peu à peu, le monde entier
Serait meilleur et deviendraitUn grand village où tous les hommes s’aimeraient